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- Compte rendu de visite aux usines STANDARD MOTOR Ltd -

A Coventry (Angleterre) – Harry Ferguson Ltd. ( du 30 juillet au 6 août 1946)

le 7 août 1946

Monsieur le Président,

En présence de M. Fauvelais, du cabinet du Ministre de la Production Industrielle, M. Thuicq, de la station d'Essais des machines du Ministère de l'Agriculture, M. Wallers, Directeur Général de Harry Ferguson pour la France, M. Thieblin et M. Gauthier, Agents Ford Ferguson à Troyes, M. Perichon, de la société de Motoculture de Provence et des Alpes à Aix en Provence, et M. Valin, ancien chef du Service du Machinisme Agricole de la S.A. Ford, nous avons visité du 30 juillet au 2 août inclus l'usine STANDARD MOTOR Ltd. à Coventry, Angleterre. L'usine Standard Motor Ltd. est située au nord-est de Londres, sur la ligne de chemin de fer Manchester - Londres, à deux heures et demi de la capitale anglaise. Il s'agit d'une usine qui a été construite à partir de 1943 pour la fabrication de moteurs d'avion. Celle ci est actuellement en pleine période de reconversion pour:

la fabrication d'automobiles marque "Standard"

la fabrication de tracteurs "Ferguson".

En Angleterre, Sir John Black (citoyen britannique) est Directeur Général de la Standard Motor Ltd., M. Trainer (citoyen américain) est Directeur Général pour l'Angleterre et appointé par Harry Ferguson Inc. A Détroit, Michigan, U.S.A. Aux Etats Unis, la direction générale de Harry Ferguson Inc. comprend M. H.G.Ferguson, Mrss Maureen et Elisabeth M.Ferguson (citoyen et citoyenne britanniques), et M. Roger M.Kyes (citoyen américain). Aucune autre personne ne fait partie du conseil d'Administration de l'affaire américaine. A Coventry, l'usine Standard Motor Ltd. est sous traitant pour Ferguson. (La Standard Motor au point de vue production automobile peut être considérée comme faisant partie des "5" grands constructeurs anglais). Il s'agit d'une des usines les plus importantes d'Angleterre et peut être du monde (suivant M.Wallers, celle ci serait plus moderne que Ford, U.S.A.) et l'usine et les bâtiments et terrains annexes comprendraient une superficie de 150 hectares. Un des ateliers mécaniques que nous avons visité doit avoir 3 à 400 mètres de long et 2 à 300 mètres de large. L'ensemble de la surface couverte doit être de l'ordre de 15.000 m2. Il ne nous a pas été possible de déterminer le nombre de machines outils mais celui ci doit être environ de 10 à 15000. Sir John Black nous a affirmé que le montant des dépenses pour l'outillage de cette usine serait d'environ 5 millions de livres sterling. L'importation des machines outils a commencé dès 1941 mais une grande partie sont de construction anglaise. Cette usine est alimentée par deux centrales de 18.000 kW et occupe actuellement 1100 ouvriers travaillant 44 heures. A l'époque actuelle, la Standard Motor Ltd. importe des U.S.A. les moteurs pour les tracteurs Ferguson. Un contrat de 25.000 moteurs a été passé avec Continental aux Etats Unis et cette importation est en cours, les moteurs venant d'arriver à Liverpool. Une fois cette importation terminée, les moteurs seront construits à Coventry (les ingénieurs et cadres de la Standard sont allé faire des stages aux U.S.A. chez Continental). Un nombre important de pièces de rechange seront similaires et interchangeables avec les pièces de la nouvelle automobile Standard.

Apprentissage et Œuvres sociales:

Des cours d'apprentissage et de perfectionnement ont lieu régulièrement, non seulement pour les apprentis et pour les démobilisés, mais également pour les invalides (suivant une loi anglaise, 2% de l'effectif total du personnel doit être embauché aux usines anglaises pour une période de réadaptation. Il est inutile de rentrer dans les détails de la propreté et de l'ordre qui règnent dans cette usine. Tout y est très bien conçu, peint à neuf, les machines outils sont en parfait état de fonctionnement. Les 1100 ouvriers reçoivent un repas à une cantine aménagée à cet effet. Des salles de jeu ont été prévues pour eux. D'autre part, des salles à manger privées existent pour les cadres et la direction.

Production et fabrication :

Nous avons pu voir les six premiers Ferguson qui seront terminés ce mois-ci. Le mois prochain, la Standard compte sortir 25 tracteurs, et d’ici six mois, la production journalière sera de l’ordre de 500 tracteurs. En ce qui concerne l’avenir, il nous a été confirmé que la production journalière passerait à 1000 tracteurs. Il faudra pour réaliser ce programme 13 à 15000 ouvriers travaillant en trois équipes. Le taux d’heure-homme par tracteur serait réduit de 45 à 40 heures. Sir John Black ne pense pas pouvoir descendre au dessous de ce chiffre. Les approvisionnements pour réaliser ce programme ne semblent pas préoccuper actuellement la direction.

D’autre part, la Standard et Ferguson ont à l’étude un moteur Diesel qu’ils comptent sortir dans 2 ou 3 ans, et dans un avenir prochain envisageraient la construction d’un moteur à turbines.

Pièces de Fonderie :

La Standard ne possède pas de fonderie et n’envisage pas pour l’instant la construction d’un tel atelier. A l’heure actuelle, trois fonderies de l’extérieur alimentent l’usine, dont une exclusivement pour les pièces de tracteur Ferguson. Le contrôle des pièces de fonderie se fait aux fonderies qui en sont responsables.

Tracteurs Ferguson :

Ces tracteurs sont très similaires à ceux construits par Ford à Détroit (les spécifications du nouveau Ferguson sont en cours de traduction actuellement). Ces tracteurs marcheront également au pétrole. Ils seront un peu plus fort comme puissance et auront quatre vitesses au lieu de trois en plus de la marche arrière. Des modifications sensibles ont été apportées aux freins, à la barre d’attelage, à la prise de force et au système de démarrage. Aucune modification n’a été apportée au relevage et contrôle hydraulique, au système d’attache des barres supérieures et inférieures. La bobine et l’appareillage électrique seront maintenant plus accessibles. Un nouveau dispositif d’attelage pour les remorques à également été étudié.

Implements :

M. Ferguson devait nous montrer la gamme des "implements" dont une partie est exposée dans un hall en face de l'usine Standard, malheureusement M. Ferguson étant malade, n'a pu se rendre à Coventry ce jour là. Il a chargé M. Knoxs, directeur général des ventes et son adjoint depuis toujours de nous montrer toute la gamme des implements. Il s'agit d'implements construits aux Etats Unis. Toutefois, douze constructeurs anglais sont chargés de cette fabrication à partir de maintenant. En dehors des implements que nous connaissons, il y a lieu de noter la charrue alternative 14 et 16" avec coutre de 18" pesant 550 livres anglaises, la démarieuse à betteraves portée et dirigée, la herse déportée pour vergers (et pouvant être utilisée en travers comme bineuse) la remorque 3 tonne de charge utile (celle ci pesant environ 1 tonne) et les différents appareils pour les travaux publics (pelle, scrapers etc.)La barre coupeuse portée à droite du tracteur que nous connaissons ne nous a pas été présentée et il semble que Ferguson reviendrait à la faucheuse avec dispositif de transmission.Dans le hall annexe, des prototypes sont à l'étude mais aucun renseignement ne nous a été communiqué en ce qui concerne ces instruments.

Dans le même hall se trouvent des bureaux d'études très importants.

Prix:

Quoique le prix du tracteur Ferguson ne soit pas encore homologué, celui ci serait vendu, prix culture, 300 livres (M. Wallers m'a fait part qu'aux USA le prix du Ford Ferguson était de 800 dollars, mais par suite de la suppression du contrôle des prix au USA, celui ci serait porté à 1200 dollars). Toutefois, Sir John Black nous a fait part qu’il espérait réduire ce chiffre de 300 livres, et si la guerre n’était pas survenue, le tracteur Ferguson aurait été vendu à la culture entre 100 et 150 livres.Lors de notre visite, nous avons pris contact avec M. Ketchell qui a fait plusieurs séjours en France pour lancer le Ford Ferguson américain, et qui est chargé a Coventry de l’instruction des agents Ferguson et de leurs mécaniciens. Ce stage dure 15 jours.

Nous avons également assisté à deux séances de cinéma sur le Ford Ferguson américain ; films en couleurs bien réalisés mais qui ne nous ont rien appris de nouveau.

CONCLUSION :

Cette mission qui a été sollicitée par les agents Ford Ferguson en France auprès du Ministère de l’Agriculture a été très instructive, mais d’autre part il y a lieu de considérer que si l’Angleterre a autorisé et donné des crédits à M. Ferguson pour la construction de ces tracteurs, il n’y a aucun doute que cette visite avait pour but d’une part, d’étudier le marché d’exportation, et d’autre part, d’envisager l’éventualité de monter une usine Ferguson en France (lors d’une conversation officieuse, j’ai appris que le gouvernement anglais aurait imposé à Ferguson que 60% de cette production soit exportée).M. Kyes a du arriver à Londres, venant des Etats Unis samedi 3 août, et il est fort probable que celui ci se rende prochainement à Paris afin d’entamer des pourparlers avec le gouvernement français à ce sujet. Si le gouvernement français s’opposait à la construction d’une usine en France, j’ai l’impression que celle ci serait construite soit en Allemagne, soit en Belgique (je vous donne ce renseignement sous toutes réserves).Cette visite a été rapide, et j’ai la nette impression que ni la Standard ni les dirigeant de Ferguson Ltd. n’ont voulu se compromettre en nous donnant des renseignements trop précis. Nous n’avons pas eu le temps d’approfondir bien des choses.J’ai pu obtenir un plan d’une Station Service Ferguson telle que Ferguson Coventry la conçoit, celui ci vous sera transmis vendredi.

Il est inutile d’insister sur l’accueil cordial qui nous a été réservé par Sir John Black, M. Lyod, Directeur de l’usine Standard (division tracteur), M. Powers, Directeur des programmes de fabrication, et M. Knoxs, Directeur Général des Ventes.

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